Barrage des Plats et les poissons

Barrage des Plats et les poissons

15 octobre 2012 0 Par Jean-Pierre Jusselme

Au fond, c’est sans doute une trame des oppositions et deux visions opposées de la même question. Les pieds dans l’eau et les lunettes chaussées, Antoine Lardon observe la rivière Semène. Assis à son bureau de Firminy, Marc Petit observe la carte des quartiers de la Ville et répète à l’envie «  je préfère les hommes aux poissons. » Il ne veut plus vivre l’épisode de la sécheresse de 2003, pendant lequel trois quartiers de la cité ont manqué d’eau potable. En cette fin d’été, deux visions s’affrontent, mais aussi deux conceptions de l’intérêt général.

Fin août, la Semène est en bas étiage. « Avec les normes de débit réservé décidés par l’arrêté, elle serait asséchée » glisse Antoine lardon. Ce pécheur sportif, technicien de rivière en retraite, est un amoureux de cette rivière. Il y accompagne des jeunes pour des exercices de pêche sportive. Et regarde avec suspicion les nouvelles familles qui viennent mettre les pieds dans l’eau ou traverser la rivière en Tyrolienne dans le cadre de l’accrobranche. Sa maison surplombe le site sur la route qui va de la Séauve sur semène à Saint Didier en Velay. Un brin bourru, il défend son écosystème. Il voit une truite essayer de remonter la passe. Il montre du doigt des zones de frayères, reconquises grâce à la reprise du transit sédimentaire.

La rivière Semène est « sa rivière ». Il ne manque pas d’arguments pour la défendre. Depuis 5 ans, il l’a vu renaître et il est de tous les combats, de toutes les réunions pour lui laisser sa chance. Il est un des artisans du contrat de rivière et montre les aménagements que les pécheurs ont financé. Elle a été classé par le SDAGE en « réservoir biologique ».

Ce classement oblige à une vigilance particulière sur la continuité biologique. Les zones de frayères en amont doivent notamment être aménagées. La truite fario y est à son aise depuis 2005 grâce a de belles zones de frayères. On dénombrait 3 389 truites fario à l’hectare en juin 2005, elles sont désormais 6 047. Le vairon et le goujon sont à nouveau présents, ainsi que la moule perlière, l’écrevisse à pieds blancs. La très rare loutre est revenue dans cette rivière de montagne. Le barrage des Plats inverserait cette tendance.

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