Geb-Nout pique du blé à Monsanto

Geb-Nout pique du blé à Monsanto

14 novembre 2012 0 Par Jean-Pierre Jusselme

Rencontre avec Geb-Nout, et leur coin d’Eden près de la Chaise Dieu. Pourparlers a découvert là des « révolutionnaires en mode soft ». Pas des partisans du grand soir, mais des expérimentateurs essayant de développer d’autres modes culturales.Et parce que Pourparlers est le site du débat, réagissez aux  questions videos  d’Antoine au monde agricole et aux boulangers.

 Pourparlers vous avertit. Passe ton chemin si tu es agronome, partisan des intrants et des exfoliants. Eloigne toi si tu es encarté à la FNSEA et que les rendements sont ton alpha et ton omega culturales. Ferme les yeux si tu travailles pour un semencier. Glisse plus loin si tu travailles pour un laboratoire de Sanofi. S’il te faut une ration de 2000 calories de protéines animales, ne lit pas cet article car Antoine te prescrira pissenlit et orties et au mieux ration de blé « la céréale nourricière » Tu l’auras compris, Geb et Nout est donc bien ailleurs, dans une sorte de vocation agricole  alternative et coopérative. Comme la plupart des exposants de Tatou Juste. Quelle est leur soft révolution ?

Geb-Nout prend du ble a monsanto from Pourparlers on Vimeo.

Eden land

Sur leur site internet et leur plaquette de com, on peut lire que Geb Nout, association est un « site de préservation dédié au sol, culture, alimentation et soin. Il est basé sur les méthodes d’observation, de préservation, d’expérimentation et de partage ». Sur les plateaux de la Chaise-Dieu, Geb-Nout déploie depuis 5 ans ses expérimentations. Antoine, ancien berger, et son épouse Rachel ont défriché cette terre, arrachant aux conifères 3 hectares puis  9 hectares de cultures de plantes anciennes. Le couple vit en symbiose avec ce territoire « se mettant à l’école de la terre ». Les deux sages cultivent leur endroit comme un Eden, loin des OGM, des fast-foods, et des « 800 médicaments qui rendent malades ». Leur viatique, ce sont les plantes, et leur « totum »  leur arme de pacification massive. Quezzaco? Le totum est la notion fondamentale de phytothérapie. Elle tend à montrer qu’ une plante dans sa globalité a plus d’effet que si on isole ses composants actifs. En clair, faisons confiance à l’alchimie de la nature, qui a su faire éclore des espèces cohérentes, plutôt qu ’à la chimie humaine qui séquence les principes actifs. Soit !

Partager ses découvertes

Rachel et Antoine ne sont pas des ermites anachorètes. Ils veulent vivre de leurs produits, mais aussi partager leurs découvertes. Fidèles à leur cahier des charges, leur révolution est aussi participative. Ils invitent à leurs tables, élaborent des chantiers. Pour Antoine et son épouse Rachel « la porte d’entrée de la révolution est le ventre » :  Deviens ce que tu manges. Sur le stand de Tatou Juste, s’étalent leurs pistou concocté avec du pissenlit et de l’ortie, leurs élixirs de fleurs, et leur fétiche/totem ; le blé bardot.

La plante totem de Geb et Nout est le blé. Plante nourricière de l’homme depuis 12 000 ans, le fier épi fait le liant entre Terre et ciel, avec des racines profondes et l’élan vers le ciel. Du point de vue culturale, leur révolution, mine de rien, va loin. L’association est afffilié à « Nature et Progrès« , un label bio et paysan. Geb-Nout signifie « Fils et fille de Ra chez les égyptiens. Gem, Dieu des animaux et des minéraux et Nout, déesse du firmament ».

Geb-Nout est donc bien une révolution globale, une vision holistique, proche de la biodynamie (1924). Mêlée de relents ésotériques, elle est basée sur le respect de la nature comme un organisme vivant. « Le pont entre le Ciel et la Terre, ce sont les végétaux. » explique Antoine. À la faveur des débats sur la biodiversité et avec le regain de faveur pour des approches plus « holistiques » de nos questions humaines, la biodynamie reprend un élixir de jeunesse et va de concert avec une réflexion plus globale sur la vocation de « paysan ».

Parler du blé avec Marie Monique Robin

Antoine a été invité en guest star  lors de la Fête de l’ortie avec Marie Monique Robin, auteure du Monde selon Monsanto. Le jeune berger défend cette diversité semencière réduite à néant par les catalogues officiels mis sous la coupe réglée des directives de Monsanto. « Monsanto a déposé des brevets sur tout. En 1990, sur les de 140 variétés du catalogue officiel il n’y plus aucune variétés libre. C’est un patrimoine génétique qui appartient à tout le monde et à personne en même temps. » plaide le jeune berger  « On a introduit des variétés de semences paysannes comme le blé Bardot originaire du Cercy qui n’a rien à faire à la Chaise Dieu« . Alors oui, la vogue Geb-Nout  prend la vague de la fronde paysanne  et citoyenne qui s’attaque de plein fouet à la question des semences paysannes. Donc à la diversité des semences, et de notre alimentation. David contre Goliath?

Jean-Pierre Jusselme

 

Enregistrer

Enregistrer