Dialogue entre un « client » et une Escort

Dialogue entre un « client » et une Escort

21 août 2015 1 Par Antoine Mioque

Un client et une escort girl dialoguent à distance. Entretien Doctor Paper

TINA « J’ai choisi un secteur qui ne connaît pas la crise »

Call Girl 2A l’image du procès Carlton/DSK, la prostitution est souvent dépeinte sur fond de misérabilisme. Il est vrai que le train-train quotidien d’une call girl n’est pas le plus attrayant qui soit. Pourtant il existe également la prostitution dite « consentie » pour certaines femmes. C’est le cas de Tina (contactée via Internet) qui choisit ses clients et décide de son planning, un mode de vie qu’elle assume pleinement. Elle décide cependant de conserver l’anonymat en choisissant un pseudo.

Pourquoi avoir choisi de devenir escort ?

Les temps sont durs, je n’avais pas d’emploi fixe, que du précaire avec un salaire pitoyable donc j’ai choisi un secteur qui ne connaît pas la crise où le salaire est plus qu’attrayant. Après, mentalement, je pouvais le faire sans que cela affecte mon ego.

Mais ce mode de vie n’est-il pas triste ?

Ce qui est triste, c’est de devoir travailler pour vivre. Je préfère me prostituer pendant une heure que de laver des toilettes pendant une semaine. Au niveau social et affectif, c’est plus délicat. Si on me demande ce que je fais, je réponds que je suis au chômage. Quant à ma vie sentimentale, c’est très rare de trouver quelqu’un qui accepte ce mode de vie, mais je peux comprendre que ça puisse coincer à ce niveau.

Prostituierte in K?ålnÊtes-vous déjà tombée sur des malades ?

Au niveau de la sécurité, le risque zéro n’existe pas, surtout dans ce milieu opaque. Personnellement, je n’ai jamais eu de souci particulier mais je prends énormément de précautions pour éviter les mauvaises surprises. Quelques exemples : le premier RDV se déroule toujours dans un lieu public, d’autre part je ne monte jamais dans une voiture sans avoir noté en amont la plaque d’immatriculation que j’envoie à une personne de confiance, tout comme les adresses où la prestation se déroule. Enfin, je ne reçois jamais chez moi.

Parlez-moi de vos clients, certains sortent-ils des sentiers battus ?

La plupart des gens ont des demandes très classiques, il ne faut pas croire que je n’ai que des demandes de fist-fucking, de douche dorée ou de glory hole ! Ce sont essentiellement des hommes mariés victimes de leur routine amoureuse qui veulent vivre une autre sexualité sans forcément abandonner femme et enfant. Paradoxalement, ils culpabilisent moins en allant voir une call girl qu’en entretenant une relation avec une maîtresse, avec qui, il y aurait un risque de dérapage et d’attachement. Après, il y a les hommes seuls, des vieux garçons ou célibataires endurcis. Pour eux, c’est la solution de facilité, ils viennent me voir comme ils vont au cinéma, c’est-à-dire deux ou trois fois par mois quand le désir se fait sentir.

Mais ils viennent bien pour accomplir un fantasme particulier ?

Il y a aussi la catégorie « hors-série », ceux-là sont obnubilés par des lubies assez originales. Beaucoup de domination et de fétichisme. Je ne vais pas tous vous les citer mais certains m’ont marquée plus que d’autres. Un client m’a par exemple demandé de rester à quatre pattes sur le sol pendant qu’il regardait Capital en buvant son verre de cognac. Il y avait aussi le fétichiste des cuissardes qui ne prenait son pied que si je lui écrasais les bijoux de famille…

Call GirlEt les avantages de ce mode de vie ?

Outre le salaire, pas de direction pour me casser les pieds, des horaires à la carte, de beaux hôtels et restaurants, des cadeaux à foison, des discussions enrichissantes et … une mutuelle santé, non je déconne !

Avez-vous tissé une relation privilégiée avec certains ?

Je joue régulièrement le rôle de confidente voire de psychologue. Ces hommes sont souvent perdus, seuls et déprimés. Ils ne savent pas à qui parler de leurs problèmes familiaux et professionnels. Il faut dire qu’avec les années, la communication avec leur compagne peut être proche du néant. Si mes clients reviennent, ce n’est pas juste pour le sexe car une certaine complicité s’est instaurée entre nous. Après, il n’y a pas de danger pour leur couple car je ne leur demanderai jamais de quitter leur femme, cela va de soi…

Propos recueillis par Doctor Paper

Qu’est ce que The Doctor Paper ?

Client prostitution
Christophe est un client régulier de la prostitution, un mode de vie qu’il assume complètement. Le célibat reste pour lui, la voie royale, tant que sa libido peut s’exprimer lorsque le besoin se fait sentir. Il décrit, dans cette interview, les tenants et aboutissants d’un monde à part.

Pourquoi avoir choisi ce mode vie ?

J’ai tout simplement choisi la voie de la facilité. Je ne veux pas faire l’effort de passer des heures au resto, au ciné, en boîte pour séduire. Une call girl, c’est du direct, c’est simple, précis, concis… Autre critère et pas des moindres, le physique. Ces filles sont magnifiques, affriolantes, sorties tout droit de mes fantasmes. C’est un gage de qualité. Je peux ainsi me taper une bombe dont le regard n’aurait jamais effleuré le mien dans « la real life ». Ces filles s’intéressent plus aux traders qu’à un salarié d’auberge de jeunesse, c’est le jeu de la vie ma pauvre Lucette.

Mais tu as renoncé à toute forme de vie de couple ?

Je refuse la routine du couple, les concessions et la monogamie. Je suis libre de corps et d’esprit. Je refuse d’être un produit de la société et rentrer dans une case. Certains de mes amis fréquentent les prostituées tout en ayant femme et enfants. Ils  répètent souvent ce fameux dicton : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Ils veulent le beurre et l’argent du beurre mais c’est avant tout pour protéger leur couple et cette fameuse routine. Ils sont aussi soumis à certains standards, avoir un CDI, être propriétaire, être marié… Ils refusent de se dissocier de cette image notamment vis à vis de leur famille et leur entourage.

Comment décrirais-tu ta relation avec ces femmes ?

Il est difficile pour moi de parler de « relation » à proprement parler car je n’ai pas de fille régulière. Je ne fais que du « one shot ». Il m’arrive de discuter avec elles mais cela reste toujours très superficiel à l’image de leurs questions souvent orientées vie professionnelle et pognon. Après, il ne faut pas faire de généralité, certaines sont fort sympathiques. Mais je viens pour avoir du sexe, rien de plus, le reste est anecdotique. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Mes amis ont tissé une vraie relation avec certaines call girl. Ils dînent ensemble, discutent, peuvent se confier des choses intimes. On pourrait considérer que ce sont des maîtresses même si ce n’est pas le cas, étant donné le rapport pécuniaire qui existe.

Réalises-tu des fantasmes particuliers hormis l’aspect physique de la demoiselle ?

Non absolument pas, je reste dans du très classique, strip-tease, fellation et acte, la trilogie du samedi comme j’aime à l’appeler.

Certaines choses t’ont déjà choqué dans ce milieu ?

Généralement tout est cadré de A à Z, des gens sont chargés de veiller à ce que le business ne soit pas perturbé. Il m’est arrivé de voir un mac rôder. Il est discret mais son physique baraqué et tatoué et ses origines d’Europe de l’Est sont dissuasives pour le client qui voudrait, disons, faire du zèle. Récemment, pendant l’acte sexuel, j’ai aperçu de gros bleus sur le dos de la nana, elle avait dû passer un sale quart d’heure, mais honnêtement, c’est la seule fois que j’ai vu des traces de coups. Autre anecdote, une fille m’a confié avoir été braquée et son client tabassé lors d’une passe, le métier reste dangereux.

Tu fréquentes aussi beaucoup les hôtels, ce n’est pas un peu illégal pour ces établissements de favoriser le commerce du sexe ?

Dans les villes un peu huppées, les hôtels sont des centres névralgiques de la prostitution, le but est de remplir le calendrier, et quand des chambres sont louées 7 à 10 jours par des prostituées, le gérant ferme généralement les yeux. Business is business. On s’écarte de la légalité mais je pense que les forces de l’ordre ne s’intéressent pas trop à la question tant qu’il n’y a pas de débordement.

Tu as également testé les bordels en Europe, c’est le supermarché du sexe ?

Complètement, on t’ouvre les portes du Paradis. Elles sont belles, dansent en string sur des podiums, te flattent. Tu es le Prince du harem, tu perds aussi la notion du temps, tu es dans une autre sphère, un monde parallèle. Tu choisis celle qui te plaît, tu t’entends sur le prix et tu montes faire ce que tu as à faire.

Et au niveau de l’hygiène, c’est glauque ?

Du tout, les chambres sont propres, les draps changés, les sanitaires lavés. Il ne faut pas croire que c’est l’antre de l’immondice. La nana s’occupe de mettre la capote et veille à ce qu’il n’y ait pas de problème. C’est impeccable.

Finalement, ce n’est pas triste de renoncer à l’amour ?

Je ne peux pas me satisfaire d’une nana avec un physique moyen. Et je n’ai pas besoin de nouer une complicité avec quelqu’un. C’est très abrupt mais je suis heureux comme ça. Ma famille me demande parfois pourquoi je ne parle jamais de ma vie amoureuse, je réponds tout simplement que les désagréments du couple ne m’intéressent pas et le débat est clos.