Bras de fer autour du comité d’action culturel et social (CASC) de Saint-Etienne
25 mai 2016Mis en place par Michel Thiollière et soutenu par Maurice Vincent, le CASC ( Comité d’action sociale et culturelle) est entré depuis 18 mois dans la tourmente. Retour et analyse de ce gâchis sans précédent.

Les images du Conseil Municipal du 2 mai dernier de la Ville de Saint-Etienne avaient choqué par la brutalité. Des représentants « CGT » des personnels territoriaux s’étaient invités au Conseil municipal. Le maire avait provoqué deux suspensions de séances puis demandé l’évacuation par les forces de police, le Conseil se tenant alors en huis clos. « On n’ a pas eu le choix, face à la violence de l’attitude de la Municipalité et des autres confédérations » se justifient les administrateurs du CASC. Comment en est-on arrivé là?
» Le second mandat de Cédric Crozet a été la victime de querelles de personnes qui ont dérapé » explique un des agents écoeuré de cette « haine viscérale déplacée quand il s ‘agit de gérer des oeuvres sociales et culturelles ». Depuis octobre 2015, quelques mois après le cambriolage des locaux du CASC de la Place Jacquard et une démission collective des personnels du CASC, une suite d’événements se succèdent au CASC. Les centrales syndicales non majoritaires du Conseil d’administration ( CFTC/CFDT, FO, ) démissionnent en octobre du CA après une période de chaises vides au CA. Certains choisissent à titre personnel de rester comme Patrice Bory, et Andrée Befort par fidélité à l’équipe. Les centrales accusent de « non respects des procédures, de manque de pluralisme, et remettent en cause des choix des activités ». Ancienne secrétaire du bureau, Dominique Combette, CFDT démissionnaire en octobre, souligne le manque de consultations des agents et des statuts obsolètes. La Municipalité tarde, avec un retard de plus de 6 mois sur les habitudes, à inscrire la subvention de 1millions d’euros à l’ordre du jour du Conseil municipal. En parallèle, la Ville conduit un audit sur 5 mois jusqu’en mars 2016 par les services financiers de la Ville sur les statuts, le fonctionnement et la gestion du CASC. Michel Béal, adjoint aux RH, avocat ancien bâtonnier, spécialiste de droit social, semble mis sur la touche, le cabinet du maire reprenant les rênes. » C’est Pierre Gauttieri, directeur de cabinet du Maire qui est à la manoeuvre, explique Cédric Crozet. » Il veut se faire la CGT qui est majoritaire dans les élections de personnel ». En attendant, le CASC survit sur ses réserves financières, et gère la pénurie de fonds, ce qui oblige à geler les achats de la billetterie. « Visiblement, la Ville souhaite faire des économies budgétaires sur cette action » explique cet adhérent. Une campagne de diffamation est menée par les autres confédérations. Le maire dans un « Deus ex machina » adresse le 9 mai, sur un ton très patronal, une lettre à tous les agents annonçant la reprise en régie directe des activités du CASC.
Résultat : une menace de cessation de paiement et de dissolution de l’association. Et un projet de reprise en main par la Municipalité, véritable coup de force démocratique et qui laissent ouvertes beaucoup de questions sur sa légalité et son opportunité. Ainsi il propose de mettre dans une instance consultative des administrateurs qui ont clairement échoués et démissionnés.
« C’est un véritable gâchis » s’indigne cet agent qui a envoyé un de ses enfants à une semaine de vacances en Espagne pour 75€ . « Cela se passait bien. On avait des places, des sorties, des activités » explique cet autre agent municipal, père de 4 enfants et fort utilisateur de la billetterie.
Blanchi par l’audit, le CASC est salué nationalement
Benjamin Lacor, Directeur du CNAS antenne sud est, a participé à l’Assemblée générale du CASC qui s’est tenue le mardi 17 mai. Il note un retour de 139% sur les cotisations. En clair, cela signifie que pour une cotisation de 700 000€ les agents bénéficiaires ont reçu 972 000€ de prestations d’aides sociales, notamment à travers 380 000€ de prêts bonifiés à 1% de taux d’intérêt. » La mutualisation de moyens fonctionne bien et les agents de la Ville bénéficient bien de la solidarité. Ce bon retour est permis par l’accompagnement et le suivi par vos équipes ». Que signifierait une adhésion en directe ? « Tous les agents ne maitrisent pas les plate-formes numériques, et surtout ont besoin d’un accompagnement de leurs dossiers ».
Où en sont les autres centrales ? « Nous reconnaissons le travail fait, mais c’est un temps révolu et on ne s’y retrouvait pas à cause de détournements de procédures et des choix trop politiques donc on a démissionné » plaide Madame Combette (CFDT) qui explique travailler avec la Mairie sur des « formules plus adaptées, ouverts et paritaires y compris avec des non syndiqués ». FO de son côté organise des réunions d’informations pour faire passer un message univoque. « Nous faisons confiance à la Mairie et en son projet de reprise en main. Ils nous ont donné des garanties ». Les principales pistes qui se dégagent de ces réunions sont : adhésion directe au CNAS et extension à 400 agents qui avaient choisi de ne pas adhérer au CASC (18€). A priori rien de mieux ou de plus révolutionnaire que ce qui était déjà réalisé par les équipes en place. Les faits sont têtus. Et comme dit l’adage : « Si vous voulez vous débarrasser de votre chien accusez le de la rage. »
Bonsoir, merci pour l’intérêt porté à cette association. Je préciserai que les réunions d’informations autour du Comité de suivi proposé par le Maire sont portées par une intersyndicale CFDT/CFTC, FO. AVec le soutien de l’UNSA. Trois réunions ont été proposées. Le constat est sans appel, seulement une poignée de salariés y ont pris part. Ce projet ne recueille pas l’adhésion. Le cabinet du maire devrait s’interroger. Une pétition circule pour la sauvegarde du CASC. EN trois jours, elle a recueilli plus de 1000 signatures. Un nombre de signataires bien supérieur au seul nombre des militants ou adhérents de la CGT.L’expression d’un attachement à une association quel qu’imparfaite qu’elle soit. Ou encore, l’affirmation de ne pas être dépossédés d’un bien construit au fil du temps avec Michel Thiolliere et Maurice Vincent. Car depuis plus de 10 ans le CASC joue un rôle fondamental dans la vie des agents.Lieu d’accueil, il favorise la rencontre et l’échange entre les personnes.Espace de convivialité et de solidarité, il apporte l’écoute et le soutien nécessaire aux agents les plus fragilises. Par la diversité de ses propositions et de ses accompagnements, il contribue à l’épanouissement de tous et permet un accès à la culture et aux loisirs. Des élections devaient avoir lieu en novembre prochain. Avec la décision prise par Le Maire, elles n’ont plus de raisons d’être. Nous sommes nombreux à penser que les élections sont encore le mode de « désignation » le plus démocratique et le plus représentatif de la volonté des agents. Comment le Maire peut il l’ignorer? Seul le processus électoral permettrait de sortir de cette crise car il pourrait légitimer non seulement le prochain projet de l’activité sociale et culturelle à la ville de Saint Etienne mais aussi l’ensemble des personnes qui le porteront. Je vous rejoints quand vous indiquez que le Maire associe les administrateurs démissionnaires, ceux là même qui ont échoué à sa nouvelle gouvernance de l’activité sociale. Quelle légitimité, quelle crédibilité pouvons nous leur accorder? Je renvois les agents à la lecture attentive des programmes proposés par les Organisations syndicales démissionnaires lors de la campagne électorale de 2013. Le bilan des promesses est édifiant. Un exemple.La CFTC proposait une consultation régulière des agents. Nous attendons toujours. Je ne souhaite pas ici entretenir d’inutiles discordes. Je constate, en discutant avec de nombreux collègues, les interrogations majeures encrées dans les têtes, tant la communication orchestrées par ces OS ces derniers mois est indigente. Nous pouvions exiger des administrateurs qui avaient été élus qu’ils travaillent ensemble pour le bien commun des agents. L’expression du pluralisme, si chère à certains, ne passait elle pas nécessairement par une présence dans les commissions et dans les organes mêmes de décisions ( dans une association, le Bureau et le CA)? Pour finir, j’espère seulement que le Maire reviendra sur sa décision et que la raison l’emporte…Le CASC doit survivre à cette crise. Une majorité le souhaite. Qu’elle s’exprime car bientôt il sera trop tard.
Merci de vos précisions. A Pourparlers, la rédaction a à coeur de suivre ce dossier qui touche au bas mot 10 000 personnes. J’ai eu l’occasion de découvrir notamment que les agents communaux étaient loin d’être des « nantis » et que le système proposé et développé par le CASC pouvait se revendiquer d’un bilan. Dès lors, de quelle légitimité supérieure casser ce qui devrait ressortir d’arbitrages électoraux ? Une certaine pensée issue du creuset d’Alain Madelin me semble à l’oeuvre…