Comédies et larmes pour misfits slovenes

Comédies et larmes pour misfits slovenes

1 juin 2016 0 Par Jean-Pierre Jusselme

La littérature de langue slovène a depuis 2013 sa maison d’édition en France :  Franco Slovène & Cie. Le travail de traductrice et d’éditrice de Zdenka Stimac donne aux lecteurs français l’occasion d’entendre cette âme slovène. Rencontre lors de sa journée en échanges avec les Lycéens de Charvet, les lecteurs de la Librairie de paris, et les curieux de l’Université Jean Monnet.

Marko sozicEn Slovénie, on les appelle les « effacés ».  Du jour au lendemain rayés SDF, apatrides, malades mentaux, déracinés des guerres et des rivalités d’Empire. Charniers et massacres ne sont pas si loin sur cette terre brulée par les effrois des « Foibe »et des règlements de comptes de la guerre dans l’Ex Yougoslavie. Les Misfits slovènes sont une partie cachée et silencieuse de ce Peuple et de ces familles, tiraillés artificiellement entre des rivalités de frontières, des conflits de souveraineté, de la géopolitique et des guerres.  Lui, Marko,  leur donne une voix, et ne se mâche pas de mots sur des relents xénophobes qui pourraient tenter sa patrie face à la crise des migrants depuis 2015.

Des prix européens

Scénariste et réalisateur Marko Šošić a étudié à Trieste et à l’Académie de théâtre, de cinéma et de la télévision à Zagreb, Croatie. Pendant de nombreuses années, il a travaillé comme coordonnateur artistique du Théâtre slovène de Trieste et au Théâtre national slovène de Nova Gorica. Il a dirigé des pièces à Trieste, Ljubljana et à Rome, ainsi que travaillé pour la télévision. Auteur de quatre romans et de deux recueils de nouvelles, ses œuvres ont reçu plusieurs prix. Comme dans le Sud de Faulkner, les personnages de Marko Sozic sont des « Misfits », borderline, désaxés, déracinés, glaiseux de bruits et de fureurs.  Sur les décombres des empires vivent les rêves des hommes.  Marko Sozic a connu le succès critique avec Balerina. Paru en Slovénie en 1997 sélectionné pour faire partie du projet européen « 100 romans slaves », aux côtés d’auteurs russes, macédoniens, serbes, etc.,..L’histoire commence dans les années soixante. On entend la voix de « celle qui ne parle pas »  décrire le fil de son quotidien, grands comme petits. Balerina ne porte pas de jugement, ressent les choses, parfois les refuse, brutalement, souvent s’interroge et écoute beaucoup les autres. L’humanité du propos est sans doute la clef de ce succès critique« L’enfermement mental de Balerina est une métaphore de la survie difficile qu’a connue la communauté slovène à Trieste par le passé, explique Zdenka. C’est aussi l’image de tous ceux qui, placés à la marge (handicapés mentaux, physiques, exclus de la société…), continuent, malgré tout, à vouloir rester debout. Marko Sosic, lui, se tient toujours à leurs côtés. » 

Tito nous a rendu notre langue

Nouveau chapitre avec « Tito, amor mijo ». Pour la parution en France.  Zdenka accompagne son auteur pour une journée marathon à Saint-Etienne auprès des Lycéens de Benoit Charvet et leur professeure Norah Khennouf, des lecteurs de la Librairie de Paris et des érudits de l’Université Jean Monnet lors d’une conférence autour de l’identité.  Tito est bien un roman de la quête d’identité. Entouré d’adultes, son narrateur essaie de comprendre les zones obscures du théâtre d’ombres qui l’entoure. Les personnages sont confrontés dans leur quotidien aux mouvements douloureux de l’histoire : communisme d’un côté de la frontière, capitalisme de l’autre, interdiction de parler le slovène, traumatismes de la guerre sur les corps et dans les cœurs… Au coeur de ces tensions, se noue la question de l’identité —  qui sommes-nous ? des Slovènes ? des Yougoslaves ? des Italiens ? des Triestins ? La douceur et la tendresse de son écriture contrastent violemment avec la brutalité des événements. La Slovénie dans l’Europe de Bruxelles depuis 1990 peine à trouver sa voie. Marko Sozic nous surprend à regretter d’autres tutelles ou à rêver d’un monde sans frontières. « Tito nous a rendu notre langue » affirme Marko lors d’un entretien à la Librairie de Paris. L’histoire, ce cancer intime…..

Les éditions Franco Slovène & Co, membres de l’Autre livre, groupements d’éditeurs indépendants ont été lancées en octobre 2013, avec comme première vocation d’ouvrir un espace pour les auteurs slovène.  Au catalogue également LECOMTE  Sophie  LEVSTIK Fran  ŠALAMUN Tomaž


Le drame slovène A Comedy of Tears par Marko Šošić est préparée en vue d’être présenté au Marché du Festival de Cannes. Une oeuvre dans la continuité du travail romanesque de Marko Sozic

A Comedy of Tears by Marko SosičAlbert est  raciste, et très seul. Cynique, cet homme âgé est cloué à son fauteuil roulant dans un appartement spacieux à Trieste. Son seul contact avec la réalité est Ida, une dame d’âge moyen instruite, son aide ménagère qui lui rend visite deux fois par semaine pour nettoyer, cuisiner pour lui et de le baigner. Ce drame slovène A Comedy of Tears par Marko Šošić a été  présenté au Marché du Festival de Cannes. Le film est produit par Ikovic par Arsmedia en coproduction avec Iridum Film, MB Grip et Zvokarna. Le projet est soutenu par le Centre slovène pour le cinéma et par Radio Télévision italienne RAI , le centre régional de Friuli Venezia Giulia. Le budget total est de 322.600 EUR.  Le film a été tourné d’Août à Septembre 2015 sur la côte slovène, à Ljubljana et à Trieste en Italie. La première est prévue en Janvier 2017.


Les TCOM du Lycée professionnel Benoit Charvet rencontrent Marko Sosic …

TITO AMOR MIJO de MARKO SOSIC

La Slovénie est revenue le 09 mai 2016 au lycée Benoît Charvet avec Marko Sosic, auteur de Tito Amor Mijo et Zdenka Stimac éditrice franco-slovène.

Marko Sosic, son éditrice Zdenka Stimac rencontrent les TCOM et leur professeure Nora Khennouf

Plusieurs sujets ont été évoqués, l’enfance de Marko à Trieste pendant les années soixante, son écriture, ses projets cinématographiques.

Le moment le plus fort a eu lieu lorsque l’écrivain a expliqué la complexité d’être soi à côté d’autres cultures. Parce qu’écrire son enfance, c’est rappeler la Yougoslavie sous Tito, c’est parler des frontières, des identités, de la Guerre Froide, des interdits, des résistances, de l’autre.

La rencontre s’est terminée après une lecture dans la langue maternelle. Ces sonorités si chères aux élèves de Terminale commerce qui  » adorent entendre le slovène « .

Les dédicaces ont été chaleureuses. Marko Sosic :  » Vous êtes une fameuse équipe, vous êtes des élèves très ouverts d’esprit « .

Zdenka aux élèves :  » Je suis heureuse de vous revoir, vous êtes formidables « .

 » Grand merci pour votre accueil, merci d’avoir si bien lu Marko, merci pour les élèves, épatants, aux questions pertinentes et si simplement humaines. Bref, c’était vraiment super « .

Zdenka à Nora Khennouf :  » Salue tous tes élèves pour moi (j’ai fini par m’y attacher, ça m’a fait plaisir de les revoir pour la deuxième fois), souhaite leur de ma part beaucoup de réussite pour leur bac et pour tout le reste de leur vie professionnelle, et aussi de leur vie pas professionnelle « .

Nora Khennouf :  » Mes élèves se sont appropriés un espace géographique, une situation historique, dune langue par le lire, et cela me réjouit. « 

Merci à la région Auvergne Rhône-Alpes du financement Eureka sans lequel cette action n’aurait pas eu lieu.