La Ville Participative #2. Repensons les (micro)espaces? Le Vendredi 18 Octobre 2019 de 09h30 à 17h00 Co-organisé par l’École nationale supérieure d'architecture de Saint-Étienne et le collectif Robin des Villes...
Mardi 22 janvier 2019 : 12 e anniversaire du décès de l'abbé Pierre et 70e anniversaire de la création du Mouvement Emmaüs L’abbé Pierre est décédé le 22 janvier 2007...
Avant de monter sur le ring, les combattants ont tous leurs rituels. Certains embrassent leur porte bonheur, d’autres ont une prière secrète, d’autres encore se remémorent une ancienne victoire, déroulant dans leur esprit chaque coup décisif d’un match devenu mythique.
Pour beaucoup, Bob Woodward et Carl Bernstein, les reporters à l’origine de l’affaire du Watergate, incarnent le héros journaliste par excellence. Leur enquête, érigée en exemple du journalisme d’investigation (prix Pulitzer de 1973), illustre la force du quatrième pouvoir, Richard Nixon étant envoyé au tapis et contraint à démissionner de la présidence le 9 août 1974. Immortalisés deux ans plus tard par Robert Redford et Dustin Hoffman dans le film de l’Américain Alan J. Pakula, All the President’s Men/Les hommes du président (huit nominations aux oscars), nos deux figures du journalisme tapent à la machine à écrire et communiquent à l’aide d’un téléphone relié à un fil ou grâce à de subtiles codes : Bob Woodward raconte qu’il utilisait un pot de fleur et un drapeau rouge placés devant une fenêtre sur son balcon pour signaler à sa source principale qu’ils devaient se retrouver. Cette source, dont l’identité a été dévoilée le 31 mai 2005 par le magazine américain Vanity Fair, n’était autre que William Mark Felt alias Gorge Profonde, alors directeur adjoint du FBI.
Comment Bob Woodward et Carl Bernstein auraient-ils mené leur investigation à l’heure du web 2.0 ? Auraient-ils choisi le papier ou la toile pour publier leurs révélations ? Auraient-ils eu recours à des infographies pour expliquer leurs découvertes ? Auraient-ils réalisé un webdoc pour accompagner leur sujet ? Et surtout auraient-ils été seuls sur le coup ?
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Le dessinateur T0ad croque les war logs irakiens pour le site web du Monde, une illustration reprise par OWNI
Avec l’arrivée du numérique on pourrait remiser nos idéaux journalistiques au placard et se dire que sur le web il n’y a pas de place pour le journalisme, celui dit de qualité ; que seules des brèves, des infos copiées-collées et les actus people font le buzz et remportent assez de clics.
Ce serait oublier la récente affaire Cahuzac lancée par le journal en ligne Mediapart. Ou l’incroyable aventure OWNI, visionnaire de l’information en ligne qui a reçu deux années de suite, en 2010 et 2011, le titre de « Meilleur site d’informations en ligne, en langue non anglaise », décerné par l’Association américaine de l’information en ligne (ONA). Ces militants de l’open data, avaient notamment mis au point les « War Logs », l’application permettant de visualiser les documents confidentiels de l’armée américaine sur la guerre en Irak divulgués par WikiLeaks fin 2010.
Preuve si il en est que tout en transformant le journalisme en profondeur, aussi bien ses pratiques, ses acteurs et ses supports, le numérique ne dicte pas son contenu et encore moins sa raison d’être. Mais justement que faut-il écrire sur le web et comment ? Avec Internet non seulement l’information est partout mais chacun d’entre nous peut la créer en prenant la parole à l’aide des outils numériques. Dans une course folle à l’information, aujourd’hui encore plus qu’hier, le rôle du journaliste doit être défini. Et si finalement l’arrivée du numérique était une chance ? Celle de pouvoir retracer les contours d’une profession en crise dans laquelle la société n’accorde plus sa confiance.
La grande aventure du numérique : entre vagues d’inquiétudes et explorations
Au match précédent le journaliste est à deux doigts de déclarer forfait face à Internet qu’il ne comprend pas. Déboussolé, il ne trouve pas ses marques et recherche la pépite. La question est devenue lancinante, ritournelle éternelle : quel modèle choisir ? Et si on avait tort d’opposer le gratuit au payant, si avec internet la question de la rémunération pour une production, ici une information, se posait en d’autres termes ?
Payant versus gratuit : vrai ou faux débat ?
Internet permet de réunir et de faire circuler une profusion d’informations publiées sur le web. Depuis on ne manque ni de producteurs d’information, ni de diffuseurs d’information, car la production et l’accès à l’information sont devenus faciles, pour peu qu’on ait un support numérique et une connexion à Internet. On est ici en pleine économie d’abondance : l’information et les services qui la délivre sont gratuits ou presque.
Si l’on produit de l’information il faut donc se distinguer pour survivre au milieu de la masse. Comment se distinguer ? Par la qualité.
« On n’a pas attendu Internet pour faire du mauvais journalisme ou pire faire circuler de fausses informations », constate le journaliste Patrick Françon qui collaborait au mois de juin au nouveau magazine d’information en ligne LeGrisou.fr. « Quand l’offre est grande c’est aux gens de reconnaître la qualité », conclue-t-il.
Quel que soit le support, il revient au consommateur d’information de faire le tri. La réputation et la notoriété entrent alors en jeu. Mais comment acquérir une notoriété sur le web ?
De l’art de tartiner sa biscotte(ou comment donner faim au public)
Lors du round précédent, le journaliste est à moitié K.O., sonné par l’arrivée du numérique et des services en ligne d’info (tel Twitter), il est presque laissé pour mort. On se demande bien à quoi il pourrait encore servir. C’est vrai, tout le monde peut produire du contenu sur l’Internet, pourquoi on l’écouterait lui plus qu’un autre ? Tout ça c’est une histoire d’usages. C’est comme les privilèges avant Diderot et d’Alembert.
La perte d’un monopole
Les journalistes doivent désormais travailler avec la présence et la participation des internautes qui constituent un public qui ne se gêne plus pour commenter, critiquer et remettre en cause les propos tenus par les journalistes. Un public qui, comme nous l’avons vu précédemment, peut devenir acteur en faisant circuler lui-même un très grand nombre d’informations sur Internet.
Une situation nouvelle qui « court-circuite en partie le pouvoir d’informer, privilège jusque-là d’un milieu médiatique qui se serait bien passé de cette concurrence », constate Antoine Maurice dès 1998, dans la Tribune de Genève dont il est chroniqueur.
Les propos de ce professeur de sciences de la communication ont été rapportés par Marie Lebert dans son ouvrage De l’imprimé à Internet (1999).
Plus fort que l’ouverture des ondes en 80
Cette concurrence ne cesse de s’accroître au fur et à mesure que la population s’empare d’Internet. Actuellement, peut-être dans une tentative de catégorisation, on parle de « journalisme citoyen » pour caractériser cette nouvelle mouvance d’une information produite et distribuée par des citoyens pour les citoyens.
« L’Internet permet de connecter en permanence de la connaissance », commente Yoann Duriaux, membre d’OpenScop, une structure dédiée aux usages du numérique. « Les journalistes, par corporatisme ont fermé les yeux sur les possibilités qu’offre l’Internet », poursuit-il. Un point sur lequel le rejoint Edwy Plenel :
« La liberté d’opinion et d’expression n’est pas le propre du journalisme. Le journalisme se légitime auprès de son public, pas de son propriétaire ou de ses annonceurs », affirme ainsi le co-fondateur de Mediapart lors d’une conférence sur le journalisme d’aujourd’hui et de demain qui s’est tenue en début d’année à Neuchâtel. « Il faut donc informer le citoyen avec lequel on entre dans une alliance dialectique : des journalistes qui descendent de leur estrade et acceptent qu’il y ait d’autres savoirs que les leurs. Internet est une université populaire, le monopole du journaliste est terminé, et c’est une bonne nouvelle », conclue-t-il,des propos retranscrits par le bloggeur Martin Grandjean.
Qu’ils faillent compter avec les internautes certains l’ont bien compris, d’où la naissance de Rue89, de Slate, du HuffingtonPost et autres sites d’information qui laissent la part belle aux bloggeurs, selon différents modèles d’intégration de ces derniers. Une nouvelle dimension que les quotidiens classiques, comme Le Monde et Le Figaro, ont aussi intégrés avec des espaces dédiés aux blogs sur leur site en ligne. Le Parisien a créé un espace communautaire, le You. Il permet ainsi aux internautes de contribuer directement à l’actualité, les journalistes conservant leur fonction de trie de l’information. Enfin, Vox Forteest une plateforme en ligne où les citoyens peuvent soumettre des idées de sujet aux journalistes.
Mais si Internet donne la part belle à de nouveaux producteurs de l’information, comme les bloggeurs, qu’est-ce qui distingue encore le journaliste du reste des internautes ?
Christophe Alix, journaliste à Libération, donne quelques éléments de réponse. Il rappelle le rôle de filtre du journaliste, le recul qu’il tente de prendre face au monde, et le sens critique qu’il essaie d’apporter au débat. L’interview, réalisée lors du Forum Libération de novembre 2011, à Lyon, se termine par les propos de William Echikson, ancien correspondant de presse, actuellement directeur de communication Europe chez Google. Ce dernier souligne le fait que l’exigence de rapidité et de réactivité, à laquelle le journaliste doit désormais faire face, était déjà une tendance présente depuis une vingtaine d’années.
Auteur :Charlotte Bonnet
Etudiante, journaliste éclectique adepte du tout-terrain, lorsqu’elle ne mange pas des fraises vous pouvez la suivre sur @Lachaofraises.
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